Acheté par hasard sur les quais, Heureux les pacifiques, de Raymond Abellio, impressionna beaucoup Bernard Noël. La lecture du roman Les yeux d’Ézéchiel sont ouverts, du même auteur, intensifia cette impression. Aussi, quand Abellio put rentrer en France en 1953, Bernard Noël et son ami Jean Largeault – le futur philosophe – lui demandèrent de les recevoir. À la suite de cette rencontre, les deux jeunes hommes furent amenés à fréquenter le Cercle d’Études Métaphysiques qu’animait Raymond Abellio. L’année suivante, sachant Bernard Noël sans ressources, l’écrivain le recommanda à Louis Pauwels qui cherchait un secrétaire et, en réalité, un “nègre”. Celui-ci dirigeait alors la Bibliothèque Mondiale qui publiait deux livres par mois au format de poche, ce qui était une innovation éditoriale. Chaque parution était accompagnée d’un “cahier” consacré à l’actualité culturelle et scientifique.
Bernard Noël composa tout le cahier du numéro 43, daté de novembre 1954. Il s’agissait d’une présentation de la compagnie Renaud-Barrault. Son nom n’y est pas mentionné.
Dans le cahier du numéro 45, accompagnant Chant de Noël de Charles Dickens (décembre 1954), se trouve le premier article signé de son nom : “Pour Noël, offrez un cadeau fantastique”. À travers ce texte, on peut déjà reconnaître la langue du futur écrivain et relever son intérêt pour Henri Michaux à qui il consacrera ultérieurement plusieurs textes.
Dans les années 50, Louis Pauwels préparait avec Jacques Bergier ce qui allait devenir son best-seller : Le Matin des magiciens (sous-titré Introduction au réalisme fantastique). Bernard Noël fut chargé d’écouter Bergier et de mettre en forme ses propos qui constitueraient le début du livre, soit une centaine de pages. Malgré les promesses de Pauwels, Bernard Noël ne fut payé ni pour son travail à la Bibliothèque Mondiale ni pour sa contribution au Matin des magiciens…
Deux livres de littérature fantastique ont été traduits de l’anglais par Bernard Noël pour les éditions des Deux-Rives, dans la collection “Lumière interdite” que dirigeait Pauwels : Démons et merveilles de Howard Phillips Lovecraft (1955) et L’Homme venu du futur de Lewis Padgett (1957).
j’attends ce cadeau fantastique, pour la traduction du Lovecraft, la première édition, Bernard Noël était bien signalé comme traducteur, dans la réédition, son nom avait “curieusement” disparu…
merci de la part des éditions le Nyctalope,
qui, vous le savez bien, soutiennent Urbain d’Orlhac,
dans tous les sens du terme et de longue date…